Today, I passed by l'Université de la Sorbonne Nouvelle-Paris III for the last time on a student-related errand: to pick up my PhD diploma. And there it was, that building I had entered for the first time in the spring of 1995 when inquiring into options to study here in France. I passed by today the Amphi A where I took my first exam, the one that would allow me to be admitted to Paris III in Licence studies.
Between then and now, I have done a U-turn, returning to the States for my MFA and to experience America as an adult (of a sort!) before resettling here in 1999. The return to Paris III came a little later, when I decided to pursue a DEA then the PhD. It was a long, rocky, crazy road. But now, as I finish up the last touches on my dossier de candidature à la qualification aux fonctions de MdC, hoping that I will not blunder in some unexpected way, that I will be deemed suitable, etc. I thought I would share one of those documents that just goes back into the ether--the speech I gave at my dissertation defense.
So, for whatever reason, sentimentality, amusement, here it was, the thing I said to start of this process towards closing the tall, heavy door of academia behind me, the passage from student to post-studentdom, my speech:
Discours de Soutenance de Jennifer K Dick, prononcé le 4 juin 2009:
J’aimerais tout d’abord remercier les membres de mon jury d’avoir accepté de participer à cette soutenance, et Monsieur Stéphane Michaud de m’avoir dirigé vers cette thèse à travers mes premiers cours de licence ainsi que mon DEA. Je remercie tout particulièrement mon directeur de thèse, Monsieur Jean Bessière, pour son soutien, sa patience et son optimisme, sans lesquels ce projet n’aurait jamais vu le jour.
Pendant les dernières années de ce travail, lorsque je corrigeais et retravaillais les pages de ma thèse, je gardais en face de moi le manuscrit et les épreuves d’Un Coup de Dés de Stéphane Mallarmé dans l’édition de Françoise Morel. Et c’était comme si je traçais une ligne, un arc, entre moi, ici et maintenant en France, lisant la poésie contemporaine de Myung Mi Kim, de Susan Howe et d’Anne-Marie Albiach, et Mallarmé en mille huit cent quatre vingt sept et mille huit cent quatre vingt huit (1897-1898) quand il corrigeait ses épreuves avec ses crayons bleu et orange. Je n’étais plus, à ce stade de mon travail, à la recherche d’« une clé ou des clés », comme Joseph Benhamou l’écrit sur la première page de cette collection d’épreuves, « mais de nombreux chemins, parfois de traverse, des carrefours, peut-être avant tout une rencontre, une ouverture, un horizon ».
Je conçois le livre comme un entre-deux, une étude comme un dialogue, comme une voix posée à laquelle fait écho la réflexion d’autrui. Ainsi, cette thèse pose des questions et ouvre des réflexions et des lectures sur un siècle et demi d’écrivains, de plasticiens et d’un certain nombre de théoriciens, de scientifiques et de philosophes. Cette thèse laisse aussi entendre ma propre voix. Ici, ma propre voix (voie) commence…
J’aimerais bien croire que cette thèse s’appréhende comme les œuvres étudiées, qu’elle exige l’engagement tout entier du lecteur et sollicite également le regard, la capacité d’écoute et la pensée ; qu’elle demande une lecture à plusieurs niveaux — ou regards distanciés — une première lecture qui serait proche de l’œuvre — de la thèse — et une autre qui la regarderait ou la rappellerait de loin. Ainsi, je ne conçois pas ce travail, qui fut accompli au cours de ces six années d’études doctorales, comme un exercice purement universitaire, poursuivi dans la simple idée d’obtenir un diplôme. Comme la lecture de thèses et d’œuvres critiques qui éveillent en moi une excitation intellectuelle jubilatoire, ceci est un travail très intime. Il est le fruit de trente-huit années de vie dont au moins vingt-cinq passées à lire la poésie, à l’écouter, à la voir se développer à travers les siècles depuis les origines de la langue et la littérature anglaise — avec Beowulf — jusqu’aux expérimentations formelles visuelles radicales qui la dominent depuis la fin du XIXe siècle.
Pour ces raisons, mon premier défi était de trouver et de définir ce corpus, et d’y définir ma place en tant que critique. Mises à part les œuvres de Mallarmé, d’Apollinaire et des poètes des mouvements concret, surréaliste, dadaïste, futuriste et autres, cette thèse trouve ses racines dans le travail du DEA qui fut accompli sous la direction de M. Stéphane Michaud, ici présent. Pourtant, j’ai abandonné trois des quatre auteurs de ce travail d’origine de 170 pages — Claude Royet-Journoud, Maurice Roche et Lisa Jarnot — en ne gardant que Susan Howe. Bien que le regard posé sur les œuvres de Royet-Journoud, de Roche et de Jarnot fournissent à cette thèse d’innombrables références et réflexions, l’œuvre riche d’allusions littéraires, historiques et critiques de Howe est devenue un nouveau point de départ.
Je suis partie de cette œuvre complexe, plurilinguistique et qui n’est pas encore suffisamment bien étudiée (du moins elle ne l’était pas il y a 6 ans, en particulier sous son aspect visuel) pour finalement sélectionner deux autres auteurs parmi la masse d’ouvrages que j’ai lus. L’œuvre de Myung Mi Kim apportait à cette étude la possibilité d’orienter mes explorations vers les questions multiculturelles, politiques et plurilinguistiques déjà présentes à un moindre degré dans les écrits de Howe. Ayant remarqué que l’œuvre de Royet-Journoud était souvent privilégiée par les critiques, j’ai donc choisi d’explorer celle d’Albiach, pour ses parallèles avec les notions déjà mentionnées ainsi que la densité de son écriture dans l’espace raréfié de la page. De plus, Albiach emploie un français imprégné d’une sensibilité aussi bien française qu’enracinée dans la poésie américaine, en particulier celle des objectivistes.
Mallarmé, Apollinaire, Dickinson, Zukofsky, Oppen, Olson, Joyce, Baudelaire, Pound, Rimbaud, Stein, Shakespeare, Dante, Ovide : ces trois poètes partagent un vocabulaire poétique riche et qui traverse l’océan qui sépare l’Europe et les Etats-Unis. L’aller-retour incessant de ces œuvres est également reflété dans le parcours de vie des auteurs (Kim qui, en tant que réfugiée, a émigré aux Etats-Unis de la Corée, Howe qui faisait — avec sa mère — des voyages en Irlande quand elle était enfant, et Albiach qui a vécu en Angleterre dans les années soixante, de l’autre côté de la manche, où elle avait commencé à lire des objectivistes américains). Au lieu de sélectionner des auteurs déjà canonisés, ma curiosité personnelle m’a guidée vers trois poètes qui, tout comme moi, étrangère en France écrivant une thèse dans une langue que j’ai apprise adulte afin de pouvoir lire Un Coup de Dés de Mallarmé, ressentaient le besoin d’exprimer l’illisible et l’indicible justement parce que tout ne peut pas être dit, en particulier dans la langue d’un autre pays. Les choses qu’on veut dire doivent parfois être montrées, par exemple par le dicible et l’utilisation de la dimension visuelle de l’écriture — comme on le voit chez ces trois auteurs.
De plus, Kim, Albiach et Howe écrivent des œuvres plurielles. Le choix du corpus s’est donc fait également dans un souci de cohérence et de parallélismes thématiques. Ces trois auteurs traitent de thèmes comme l’histoire, l’être effacé, les migrations partagées et perdues, et chacune suit des fils de la mémoire qui n’aboutissent qu’à un vide. Ces œuvres explorent des voyages de soi vers l’autre, dans le temps, à travers des pays ou des langues, mais également des voyages vers l’autre contenu en Soi. Dans les trois œuvres, le « je » est pluriel, à la fois universel et singulier. L’un des aspects clé, qui relie la pratique de ces trois auteurs, est qu’elles captent le caractère multiple et métamorphique de l’identité, et elles font et défont les genres (mot qui peut être pris ici dans son sens littéraire mais aussi identitaire). Les textes sont ainsi riches de références à la fois personnelles et universelles, culturelles, littéraires, historiques, linguistiques, politiques inouïes. Préciser, exposer, retracer toutes ces références, et les liens entre elles, a alors été pour moi le deuxième défi. Trouver un moyen d’écrire une thèse ‘logique’ sur une écriture, un flux de sens multiple, qui, de par sa nature, est — selon Howe — un refus de la « raison raisonnante », fut l’une des plus grandes difficultés pour moi. J’ai dû prendre conscience que « comprendre » n’était pas l’objectif ultime du critique. Faire une archéologie de ces évocations était en effet impossible. Face à des textes qui encouragent à une telle multiplicité de lectures et qui ouvrent des perspectives au lieu d’achever une clôture du sens, c’était à moi de m’introduire dans l’un des dialogues présentés par ces œuvres, et d’y prendre une place. J’ai donc choisi de privilégier l’aspect formel comme révélateur des autres aspects de ces œuvres. La réception des textes atypiques, aux genres multiples, qui défient les notions d’écriture et d’art visuel, des textes où le sens reste énigmatique, complexe, obscur et voilé nous impose de nouvelles façons de lire. Cette nouvelle lecture nous contraint à regarder, à laisser le texte s’approcher ou s’éloigner de nous. C’est ce qui a dicté la forme et l’organisation de ma thèse qui commence par une étude très rapprochée des textes, par la lecture des lettres, vers et strophes, et se clôt par un regard éloigné des pages, par des lectures plurielles des composants.
En effet, cette thèse a été construite en quatre grandes parties, que je rappelle très brièvement : tout d’abord un traitement en trois parties des typologies du fragment dans les œuvres de chaque auteur. L’étude de la pratique particulière du fragment par Howe, par Albiach et finalement par Kim est suivie d’une dernière grande partie consacrée aux aspects visuels « macroscopiques » de ces œuvres.
Les trois premières parties ont pris une envergure imprévue. Le traitement et la définition du fragment étaient initialement prévus comme un dernier développement de l’introduction de la thèse, avec la mise en contexte du travail visuel des œuvres étudiées. Cependant, le fragment, un mot d’usage courant, s’est révélé porteur de plusieurs sens et significations à explorer. Il m’a obligé à élargir mon champ d’étude. Au-delà d’un siècle de manifestes poétiques et d’essais par les poètes du monde entier, j’ai dû m’appuyer sur les lectures philosophiques, (notamment Wittgenstein, Heidegger, Jean-Luc Nancy et Nietzsche) ainsi que des lectures scientifiques (la physique quantique, Heisenberg) et d’autres textes théoriques (Barthes, Alain Badiou, Krzysztof Ziarek, Spatola, Marjorie Perloff, Claude Ber, Johanna Drucker) pour essayer de formuler des explications sur le fonctionnement du fragment dans les œuvres de ces trois écrivains ; pour me demander comment ces poésies réfléchissent, signifient et questionnent le monde en déconstruisant et re-construisant la langue.
Dans les trois premiers chapitres, le regard s’appuie ainsi sur les textes mêmes, sur ce que chaque lettre, syntagme, vers, strophe peut dire par sa façon d’assigner visuellement, par l’appui qu’il prend sur l’ouïe et par ce qu’il révèle de la réflexion et de la vie de l’auteur. J’ai dû chercher, en particulier chez des critiques et des poètes français des années soixante-dix jusqu’à aujourd’hui, un vocabulaire pour parler de l’intervention du blanc, sa façon de déployer un espace corollaire au dire, un espace qui montre et figure visuellement ce qui reste en dehors de la langue.
Ma pratique comparatiste dans ces trois parties consiste à tisser des liens entre ces trois poésies, d’en dégager des parallèles formels et culturels (par exemple des façons de concevoir le monde, la manière de traiter le sujet de la guerre), ainsi que des parallèles liés aux pratiques langagières. Dans ces trois parties je m’appuie sur des écrits critiques. Je ne vois pas mon propre rôle comme étant celui qui dit quelque chose de définitif. Je suis celle qui est là pour orchestrer un dialogue entre des penseurs qui n’ont pas encore été présentés les uns aux autres. Je suis la tisseuse de liens. Pourtant, j’ajoute à cela de nombreuses microlectures des strophes et des fragments de chaque auteur. De plus, je tente de faire reconnaître, de mettre en évidence, de partager avec mes lecteurs des parallèles que j’établis entre ces pratiques poétiques liées à la construction des sens, au pluriel, et les pensées philosophiques et scientifiques élaborées au cours du XXe siècle.
Ceci dit, dans ces premières 246 pages, on remarque à quel point le texte peut être peu substantiel, et, par conséquent, que la page, support de la langue, est puissante—ce que j’élabore dans la quatrième et dernière partie de ma thèse, celle qui est la plus conséquente. Ce dernier chapitre reprend comme point de départ les influences de Mallarmé et d’Apollinaire — déjà très étudiées à l’étranger comme en France — pour enfin synthétiser une exploration du travail visuel « macroscopique » de ces œuvres. On recule. On regarde la page de loin. On ne lit pas des mots, mais des taches, des lignes, des typographies, on considère même les pages comme des tableaux. Le regard posé sur la page ne recherche plus les détails infimes du texte. Les microlectures sont abandonnées pour laisser place aux analyses plus distanciées, de l’utilisation du collage, du montage, de l’image, de l’importation (de photos, de citations, d’objets), des dispositions variables du texte, du Ready-Made et des techniques souvent liées à la publicité, à la langue comme symbole, à l’image sur la page comme iconographie.
Ce chapitre examine des applications de ce que je délimite comme deux grandes voies dans l’utilisation visuelle de la page et du livre. L’une est héritée des techniques « iconiques » et figuratives qui ressortent du travail des Calligrammes d’Apollinaire, et l’autre est héritée des techniques mallarméennes qui étendent la lecture sur plusieurs pages en recherchant une écriture en trois dimensions. Il me semble que personne n’a encore essayé de schématiser ou de définir de cette façon, en France comme aux Etats-Unis, des typographies du travail visuel de la page dans la poésie. Ceci dit, cette perspective puise ses origines dans les écrits d’Antoine Coron et de poètes-critiques comme Johanna Drucker, Cole Swensen et Kathleen Fraser aux États-Unis, Adriano Spatola en Italie, Heraldo De Campos et Augusto de Campos au Brésil, et Jean-Michel Espitallier et Philippe Castellin en France. Une telle perspective, peu délimitée de cette façon, a priori, dans les études européennes et américaines m’a incité à écrire cette longue partie hors des sentiers battus qui présuppose aussi un regard touffu, incertain, avec toutes les imperfections qu’induit un tel exercice. Je présente ainsi la dimension visuelle de la page dans la poésie contemporaine à l’égal d’autres techniques poétiques, comme la construction du son et du rythme par le mètre, l’assonance, la rime… Ce chapitre pose une première pierre en proposant un schéma potentiel pour définir, différencier et parler de ces techniques. Mon corpus poétique s’élargit dans cette dernière partie pour inclure des comparaisons entre les œuvres des trois auteurs principalement étudiées et les écrits de beaucoup d’autres écrivains du XXe et maintenant du XXIe siècle en France, aux Etats-Unis, en Russie, au Mexique, en Australie, en Irak, au Brésil et en Europe en général. Ceci afin de montrer comment Howe, Albiach et Kim emploient à la fois des techniques héritées d’Apollinaire, comme l’usage du mot et de la lettre en tant que signe à l’instar des poètes concrets, dadaïstes et surréalistes, et des techniques spatiales et polyphoniques (héritées de Mallarmé) qui sont les bases des poésies sonores, spatialistes, surréalistes (encore), oulipiennes et objectivistes. Il est vrai que cette partie aurait pu être enrichie par une connaissance plus exhaustive de la philosophie esthétique, et du vocabulaire actuellement appliqué aux études cinématographiques. Un vocabulaire qui tente de cerner les expressions langagières pour parler de l’image, des images en mouvement m’aurait en effet aidé à exprimer ce que je vois dans ces œuvres qui sans cesse échappent par leur caractère ambigu à la fois fixe sur la page et en mouvement.
À l’instar des œuvres de Kim, d’Albiach et de Howe étudiées, on retrouve dans les poésies contemporaines une accumulation de toutes les techniques visuelles et langagières fournies par un siècle riche d’explorations poétiques. Cette dernière partie de ma thèse servira ainsi à des explorations critiques ultérieures, à des études que j’ai encore à commencer sur d’autres poètes travaillant dans la lignée de ces écrivains, et je l’espère, en y ajoutant un plus grand vocabulaire emprunté à d’autres disciplines.
En somme, au-delà de leur aspect visuel, ces œuvres permettent de réfléchir à des questions cruciales, de repenser la poésie, l’art visuel, la sémantique, de mettre en question le statut du langage et du langage poétique. On conclut néanmoins que les poètes contemporains comme Howe, Kim et Albiach utilisent ces techniques verbo-visuelles afin de construire une poésie qui laisse place à l’indicible en favorisant l’assignation visuelle du sens, et qui reste toutefois une écriture à lire. C’est l’idée de Mallarmé qui m’avait été présentée par un professeur, Clive Scott, un après midi à l’université de East Anglia à Norwich en Angleterre pendant une lecture ouverte il y a 18 ans. : « La poésie est entièrement là avant qu’on l’écrive, reste ensuite la difficulté à l’exprimer ». Cette phrase m’a encouragée à apprendre le français pour que je puisse lire et voir Un Coup de Dés, elle m’a conduite en France pour que j’y fasse mes propres explorations d’un langage poétique où s’exprime cette force intérieure de l’indicible, cette chose mystérieuse, ressentie qui est avant la langue, préverbale.
Bref, ma thèse termine par un regard posé sur les pages de poèmes sériels pour découvrir qu’une lecture sémantique et visuelle de la page et de la suite de pages relie les techniques hybrides de ces œuvres. Une telle lecture sollicite à la fois l’œil, l’ouïe et la pensée, et dévoile les multiples sens des œuvres. J’admets que la réflexion de ces poètes est parfois incroyablement hermétique, mais elle met toujours à notre disposition une série de liens, de pistes à suivre et grâce auxquels on peut tout de même affirmer qu’il y a des sens. De la même manière, cette étude ébauche, débute, ouvre l’espace — une voie — encore inexploré par les thèses en France en tentant de réunir sous une optique critique formelle privilégiant la dimension visuelle d’une œuvre les aspects critiques souvent abordés séparément : la musique, la forme et le dire du poème et du poète. Sans avoir l’illusion d’en faire une étude exhaustive, cette étude interroge les multiples voies qui s’offrent à un écrivain désireux d’exploiter l’espace de la page, et propose des points de départ pour des études ultérieures—à la fois de textes sur papier ou sur d’autres supports (par exemple des supports numériques, des murs, des tableaux ou des néons).
J’ai vécu cette thèse comme une aventure dans des pays sauvages et étrangers. Pour reprendre la formulation de Susan Howe, lire, écrire, poursuivre un texte, le chasser à travers des champs de réflexion, voir tous ses aspects, ses pluralités, ses ambiguïtés : cette expérience est un événement qui est comparable à la conquête du nouveau monde ou à une déambulation dans une forêt. Mais en fin de compte, le monde n’est pas conquis. Il est. Je suis. Vous —madame et messieurs du jury, lecteurs de ce travail de thèse — êtes encore et toujours là, entiers. La question reste, est-ce que l’exploration de ces œuvres par la lecture par l’œil, l’ouïe et les sens nous a fournit quelque chose ? Dans mon cas, la réponse est oui, absolument. J’ai été richement récompensée par ces années de déambulation dans les livres, ces années de recherche dans les bibliothèques françaises et américaines, dans des collections spéciales de livres, par exemple à l’Université de Iowa où j’ai pu lire la maîtrise de Myung Mi Kim, et dans des archives possédant des livres particulièrement beaux et complexes. J’ai été ravie de pouvoir travailler sur les écrits de poètes et de critiques encore en vie. Je suis particulièrement touchée par le contact réel et humain que j’ai pu avoir avec eux, surtout au cours des entretiens qu’ils m’ont accordé en personne, par téléphone et par courrier électronique. J’ai été enrichie par les heures passées à lire, à réfléchir et à discuter avec des poètes cités et qui sont en partie présents parmi nous aujourd’hui, et des professeurs comme mon directeur de thèse que je remercie tout particulièrement pour la très grande qualité du dialogue, pour son exigence et sa confiance. Ma relation avec la langue, les langues française et anglaise, a été fortifiée par cette étude. Le parcours intellectuel que cette thèse m’a donnée à suivre est une initiation à la fois stimulante et exigeante à la recherche. Je vois cette thèse comme une première étape dans une longue exploration à faire, une voix qui prend la parole pour la toute première fois mais qui est impatiente déjà de voir la suite.
Je vous remercie de votre attention.
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